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II-Croyances et Religions

L’évolution a doté les mammifères de la capacité d’empathie pour assurer les soins parentaux, gérer les conflits - partage des ressources, respect de l’ordre hiérarchique... - au sein d'un territoire bien délimité par leur capacité de mouvement.

Les règles religieuses constituent un deuxième niveau d’autorité morale homogène dans une communauté élargie à plusieurs ethnies.

Si l'anticipation instinctive des besoins futurs (abri, nourriture...) attachée à la survie est commune à beaucoup d'espèces animales, la recherche initiale d'un avantage pour satisfaire au mieux à ces besoins autrement que par la force est un trait caractéristique de l'espèce humaine mettant en œuvre ses capacités cognitives supérieures d'abstraction. Le troc primitif, l'échange commercial valorisé par un système de numération en est l'exemple le plus patent.

L'homme a conscience de l'existence de forces surnaturelles (voir le blog du même auteur sur la Théocratie de l'infini), auxquelles il demande assistance pour obtenir des avantages. Leur évocation à travers l'expression du langage nécessite l'attribution d'un nom (anges, djinn...).

En synthèse, le fait religieux -individuel ou collectif - vise à contrôler pour en tirer un avantage les forces invisibles du destin humain à travers un pacte formalisé par des rites ou textes irréformables figeant un mode de vie sociale au risque de conduire, indépendamment du progrès technologique, au communautarisme.

Le mot "religion" apparu au milieu de l'empire romain est issu du néologisme "religio" dans le sens de "relier"; il signifiait "collecter dans un seul ouvrage les instructions de l'autorité publique du moment"; à notre époque, au sens large, la religion est le contenu des croyances propres à une communauté en relation avec le sacré.

Le rite dans la célébration d'un office religieux est, par essence même, un stimulus émotionnel à destination de l'assistance pour recentrer sa capacité  de concentration sur le contenu essentiel de la doctrine.  Son impact sur chaque participant est très variable car étroitement lié au cortex orbito-frontal contrôlant en partie l'amygdale chargée de l’expression de la peur.

Élément de base de la symbolique religieuse de toute civilisation, le rite évolue dans ses formes mais subsiste pour conjurer le mauvais sort. 

Ainsi les communautés autochtones dont l'activité se limitait au secteur primaire (chasse,  cueillette, élevage...) au sein d'un territoire bien délimité, isolé socialement du monde extérieur ont pratiqué dans leur ensemble le rite du sacrifice sanglant avec imprégnation de l'aliment de base en offrande à l'intention de chaque divinité suivant la nature du vœu à exhausser impactant leur survie. 

A titre d'illustration, les Olmèques, il y a 4000 ans pour donner un ordre de grandeur, célébrait ce rite en utilisant les fèves de cacao qui servirent aussi de monnaie d’échange à la civilisation Mayas. Pour cette dernière, le cacao était censé nourrir les morts pendant le voyage de leur âme.La célébration du rite impliquait la prise de possession, visible de l'assistance, de l'officiant par les esprits de la nature présents localement dans des grottes sous la forme de statues ou des gravures.

La religion catholique monothéiste a repris, sous la forme moderne de symboles, cette pratique ancienne à l'issue du séjour de Jésus-Christ dans le désert : le pain sans levain et le vin, après consécration par un prêtre au cours d'un office - la messe -, représentent le corps et le sang du Christ, fils de Dieu. L'hostie-  pain consacré - est donnée aux mourants pour la sauvegarde de leur âme.

A l'époque des Gaules, les druides connaissaient l'écriture mais privilégiait, pour asseoir leur pouvoir, la transmission orale propice à l'introduction de multiples divinités. La référence unique à de textes sacrés incréés et irréformables (Bible, Coran), leur exégèse par les chefs religieux (rabbin, imam... ) au plus proche des croyants lors des offices ont contribué au monothéisme conservateur actuel nonobstant l'évolution du mode de vie.

La croyance religieuse offre un soutien moral indispensable dans l'épreuve à travers l'Espérance, qu'il s'agisse des jeunes confrontés à leur avenir ou de leurs aînés en proie à des soucis de santé. Le quotidien est sublimé par l'existence d'un lieu où la souffrance sera éternellement abolie et où toutes les envies seront comblées., i.e. le paradis: croyance qui vient en compensation de l'étape difficile de transition, la mort physique. Elle offre aussi  l'avantage de résoudre le problème du stress mental incitant à associer à toute question mystique une réponse.

Face à la réalité, le recours systématique aux biais cognitifs (*) de toute nature - sorte de fuite cognitive - est la réaction psychologique inconsciente du croyant face aux détracteurs de toute croyance ou , plus largement, au contact de non croyants.

La symbolique est un trait caractéristique délibéré de la révélation religieuse, car il oriente les thèmes de réflexion chez le croyant avec le soutien des exégètes. En ce qui concerne les textes de la révélation dans la Bible, le Coran , leur écriture imagée a été réalisée dans le mode de pensée orientale du moment. Les particularités linguistiques de l'arabe suivant les pays soulèvent des conflits d'interprétation. 


D'une façon générale, le cortex préfrontal est impliqué dans l'interprétation des symboles religieux au sein des allégories insérées dans les textes sacrés. Cette dernière devrait dépendre donc du niveau culturel  du croyant (maîtrise de la dialectique et des connaissances scientifiques du moment) et non directement de celle des disciples.

L'impact d'une croyance sur le moi relève du domaine de la psychologie et, d'une façon moins décelable, des neurosciences cognitives, malgré les outils d'investigation complémentaires comme l'IRMf offrant la vision du cerveau dans sa totalité, le scanner, l'EEG outil de mesure de l'activité électrique du cortex.

La pratique religieuse régulière individuelle et surtout collective dans un lieu de culte, les signes ostensibles vestimentaires, régissent le comportement de l'individu, confortent le sentiment sécuritaire d'appartenance à une vaste communauté dans laquelle des valeurs morales sont prônées. L'entrée dans cette communauté prend, à ce titre, un caractère solennel consacré par un rite ou une épreuve immuable: exemple, le baptême chez les Chrétiens.  


 Comme partout dans le monde et depuis l'origine des temps, la religion assure sa sauvegarde en imposant un rituel à ses membres et en offrant aux croyants n'ayant pas respecté ses enseignements la possibilité de faire toujours partie de la communauté à travers l'acte codifié de repentance. 

Le stress  neuronique généré dans le cortex préfrontal lié au manque de reconnaissance sociale en dehors de la communauté religieuse peut entraîner l'impulsivité, une perte des repères du surmoi  Freudien et à terme la radicalisation équivalent au repli  psychique sur soi.

Dieu omniscient divulguerait selon son bon vouloir, la connaissance uniquement à travers ses représentants religieux sur terre, à charge pour eux d'en donner une interprétation à leur communauté. De ce fait, il ne leur est pas nécessaire de faire référence au vaste domaine complexe des sciences cognitives et biologiques (neurosciences, chimie prébiotique, biologie cellulaire, éthologie cognitive, la génétique..).  

A titre d'exemple, la religion catholique justifie la supériorité sociale de l'homme sur la femme en s'appuyant sur le livre de la Genèse 2.20, 2.21 et 2.22: la création par Dieu de l'homme nécessita à la suite celle de la femme car dans la nature, l'homme ne trouva point d'aide semblable à lui.
En faisant référence au chapitre 11 de la lettre de saint Paul  apôtre aux Corinthiens Tome 1 concernant la prière:


11.7  L'homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme. 


11.8   En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l'homme; 


11.9   et l'homme n'a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l'homme.
Cette interprétation est contredite, d'une part par la génétique, d'autre part ... par la Bible elle-même. 


En effet, partager le fruit de l'arbre de la connaissance à l'époque de la publication est une faute constatée par Dieu et la Bible peut alors, de manière imagée et en toute cohérence, faire abstraction de la connaissance à travers une allégorie quant à l'origine de l'homme et de la femme sur terre. 

Actuellement, chaque religion affirme que toutes les autres ne conduiront pas au salut éternel. Cette proposition est indécidable au sens du premier théorème d'incomplétude de Gödel, fondateur de la logique mathématique, traitant du rapport fondamental en logique entre vérité et prouvabilité, mais elle sert à fidéliser davantage ses adhérents.

La stigmatisation collective - discrédit profond et durable- des autres religions renforce la cohésion de la communauté, a fortiori si la loi religieuse englobe le droit public. La définition de la discrimination fait l'objet en France de l'article 225-1 du Code pénal.

La religion monothéiste (Judaïsme, Christianisme, Islam) institue un Etre Suprême accessible à volonté par la pensée humaine et doté d'un pouvoir omniscient indispensable à la mise en relation. Les manquements à la loi divine entache l'affectif d'un sentiment de culpabilité. Le recentrage sur soi a lieu lors de l'examen de conscience, effet miroir entre sa propre conduite et celle dictée par les principes religieux et moraux. Il détermine le niveau d'implication de l'Etre Suprême dans l'existence de l'individu. Dans la religion Chrétienne, la réconciliation avec l'Etre suprême s'effectue au sein du sacrement de pénitence.


Selon les croyances monothéistes, si le Mal, en tant que tel, existe au sein des rapports humains, alors la cause est imputable au premier couple de l'humanité, Adam et Eve, qui ont suivi la ...voie du Mal (voix du "Malin") nonobstant une mise en garde du Créateur.  Par raisonnement modus tollens, le Mal devait nécessairement être le fait permanent d'un sous-ensemble de créatures célestes, sinon sa contagion à l'Univers aurait pu être évitée. Mais comment expliquer autrement que par la symbolique l'éviction de l'homme du paradis? 

La raison de la déchéance des anges rebelles fait d'ailleurs débat dans les traditions juives et chrétiennes. Elle sous-tend l'organisation fonctionnelle de défense du royaume des Cieux. De par leur nature intrinsèque d'immortels, les êtres célestes seraient  incréés. Leur libre arbitre et celui de l'Être Suprême ne feraient qu'un. Ce Dernier ne pouvant se contredire, l'existence d'anges rebelles ne serait pas plausible dialectiquement.

Au fil du temps, peut-on observer un décalage moindre entre les doctrines religieuses et les théories scientifiques? La décorrélation entre elles prévaut car l'assimilation de la doctrine religieuse dépend du mode de vie de chaque individu confronté à de multiples contraintes sociales avec des risques de focalisation sur une seule partie de son contenu.

La survie par le conservatisme des unes s'oppose à la remise en cause permanente des autres. Les concepts de base communs aux religions (immortalité de l'âme, Être Suprême..) sont hors portée de la sphère matérielle. Les applications de la physique quantique à travers des produits de consommation grand public (ordinateurs, mobiles...) impactent l'organisation du travail en redistribuant les tâches mais n'affectent en rien les croyances. Il en sera de même avec les applications de la réalité virtuelle qui modifieront le comportement social des individus (repli sur soi avec un renforcement des addictions).

(*) confert annexe 1: Croyances et biais cognitifs


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